LE PETIT BOUQUET
Le quotidien électronique de l'actualité française.
No 577 - Paris, le vendredi 19 novembre 1999
Ce courrier vous est offert par LE PETIT BOUQUET
   et acheminé vers vous par les soins de
   par La Mission scientifique et technologique
   de l'Ambassade de France Aux Etats-Unis.

[In breve. Prodi vuole costringere i francesi a mangiare le bistecche inglesi, ancora sospette. Marianna, la cui verginità è, al riguardo, alquanto dubbia, tenta di resistere, ma quando le dicono di ridurre i nitrati nel vino, diventa sorda e deve essere richiamata all'ordine.]

LES CHOIX DE BRUXELLES ......
- Tony, c'est vilain de dénoncer ton petit camarade.
- Mais Monsieur Prodi, il fait rien qu'à m'embêter, il ne veut pas jouer
avec moi à la vache.
- Et bien, Lionel, qu'as-tu à dire ?
- Mais si M'dame, moi je veux bien jouer, mais lui il veut me faire manger
des saletés qui puent.
- Allons Lionel, il a l'air très bon ce steak. Arrête de faire l'enfant,
et mâche bien.
- Je le dirais à ma mère Patrie.
Voilà en substance comment le surveillant général Prodi, a tranché le
différend opposant Londres à Paris, en punissant cette semaine le
gouvernement français par l'ouverture d'une procédure d'infraction pour
n'avoir pas levé l'embargo contre le boeuf britannique. L'insolent chenapan
n'a pas encore obtempéré, mais on parle à court terme d'un accord possible,
à l'amiable, pendant la récré.
C'est qu'il est difficile de faire se concilier deux garnements tout aussi
sûr d'être dans leur bon droit.
D'un côté la France affichant sa bonne volonté, dixit Jean Glavany
lui-même, où on rumine jusqu'à l'écoeurement le noble principe de
précaution. La classe politique française est unanime, une fois n'est pas
coutume. Union sacrée face à la menace venue d'outre-Manche. Soudaine
préoccupation pour la qualité de notre environnement et la défense des
produits du terroir, à l'heure des succès électoraux des verts et des
chasseurs du CPNT. Confiance exclusive dans l'avis des experts autorisés et
français, de l'Agence française de sécurité sanitaire (Afssa). Et amnésie
passagère, de ses talents de petit chimiste, qui sait lui aussi faire de la
farine autrement qu'avec des céréales, pourvu qu'il y ait une station
d'épuration à la ronde. On défend par ailleurs son assiette mais moins son
verre, puisque la France vient d'être rappelée à l'ordre par Bruxelles qui
a saisi la Cour Européenne de justice pour non-respect de la directive
européenne sur les nitrates...
Sur l'autre rive du channel on meugle sa bonne foi, et on ressent un
sentiment de légitimité, caution des experts bruxellois oblige, comme le
rappelle Brian Wilson. Pourtant il faut reconnaître que les mesures
regardant l'abattage, qui concerne les bêtes malades et non le troupeau, le
contrôle sanitaire des animaux contaminés et l'identification des bovins,
offrent des garanties bien incertaines aux consommateurs. En outre 47
autres pays que la France refusent encore le boeuf britannique, dont les
USA et la RFA. Certes la France était gros consommateur du boeuf anglais,
mais l'ire anglaise à l'endroit de son presque voisin, se comprend aussi à
la lueur des difficultés passées du Royaume-Uni pour entrer dans la
Communauté par delà le veto répété de De Gaulle, vieille rancoeur jamais
complètement digérée... Enfin les conservateurs, ceux là même qui au
pouvoir n'avaient rien fait pour régler le problème de la vache folle,
exhortent aujourd'hui un Tony Blair, fragilisé et qui le sait, à réagir, et
à ne pas sacrifier les boeufs anglais, lui qui a déjà supprimé les pairs
héréditaires du royaume, et concédé des pouvoirs à l'Écosse et au Pays de
Galles. 
L'envie nous prend soudain de tirer l'oreille à ces deux cancres qui ont
bien mal appris leur leçon européenne. Faites quelques efforts Messieurs
les anglais, réglez les problèmes de contrôle sanitaire et assurez une
traçabilité et un étiquetage des vos produits, cela rassurera, à juste
titre. Et vous Messieurs les français, n'oubliez pas que la construction
européenne ne s'arrête pas aux déclarations d'intention. Qu'il ne suffit
pas d'appeler de ses voeux une défense européenne appuyée sur des moyens
communs, pour ensuite se désister du projet de construction commune d'un
blindé qui ne sera en définitive qu'anglo-allemand. Qu'il ne suffit pas
plus d'appeler de ses voeux une nouvelle Europe agricole, en remettant en
cause, la première crise venue, les décisions de Bruxelles. Copiez cent
fois. [Tremeur Denigot]